Un navire marocain de recherches maritimes sujettes à controverse et financées par l'Union Européenne, est à nouveau en opération dans les eaux du Sahara Occidental occupé.
L'illustration ci-dessus provient de Marinetraffic.com
Le 21 mai 2021, le Charif Al Idrissi (OMI 8516706, pavillon marocain) a franchi la frontière maritime entre le Maroc et le Sahara Occidental, territoire qu'il maintient sous occupation militaire. Le navire a fait route vers le sud et est actuellement actif dans la zone située entre Boujdour et Dakhla, qui abrite certains des stocks de poissons les plus lucratifs du nord-ouest de l'Afrique.
Dans le cadre de l'accord UE-Maroc dans le domaine de la pêche durable, entré en vigueur en juillet 2019, le Maroc accorde des licences de pêche aux navires de l'UE en échange d'une compensation financière. La pêche de l'UE a cependant principalement lieu au Sahara Occidental occupé - en dépit des décisions de la Cour de justice de l'UE annulant l'application de l'accord aux eaux du territoire du fait de son statut séparé et distinct du Maroc, et de que ce dernier n'a pas de souveraineté ni de mandat à administrer le territoire. La décision de l'UE de poursuivre cette pratique sans le consentement du peuple du territoire est actuellement réexaminée par cette même Cour.
La compensation financière de l'accord comprend une somme annuelle destinée au développement du secteur de la pêche au Maroc. Mais comme Western Sahara Resource Watch (WSRW) l'a découvert, le Maroc utilise principalement ce « soutien sectoriel » - avec l'accord exprès de la Commission européenne - pour développer son secteur pêche au Sahara Occidental occupé.
Pour la première année de l’accord de pêche, le Maroc a reçu 17,55 millions d'euros d'appui sectoriel total. Cet argent a été dépensé pour plusieurs projets, dont un appelé « campagnes d'exploration scientifique en mer ». Dans leur rapport à la Commission européenne, les autorités marocaines ont décrit le projet de recherche en question comme consistant en des levés halieutiques, océanographiques et bathymétriques, réalisées par deux navires de recherche, les Charif Al Idrissi et Al Amir Moulay Abdellah (OMI 9242510).
Ni l'accord de pêche UE-Maroc, ni la recherche marine marocaine dans les eaux occupées ne sont menées avec le consentement du Front Polisario, l’organe représentatif du peuple sahraoui – contrairement à l’exigence fixée par la Cour de justice de l'UE dans son arrêt de 2016, annulant l'accord commercial UE-Maroc au Sahara Occidental occupé.
WSRW a observé les deux navires entreprenant des recherches approfondies le long de la côte du Sahara Occidental occupé de l'extrême nord à l'extrême sud en 2019 et 2020. À certaines occasions, les navires ont également accosté au port. Les escales du Charif Al Idrissi pendant cette période peuvent être téléchargés ici et celles d'Al Amir Moulay Abdellah ici.
Pour l'ensemble de la recherche, l'UE versera au Maroc un total de 3,69 millions d'euros, dont 660 000 € ont déjà été versés au cours de la première année opérationnelle de l'accord (mi-juillet 2019 à octobre 2020, en ajoutant trois mois en raison du COVID.19). Sept campagnes ont été entreprises cette première année à bord du Charif Al Idrissi et de l'Al Amir Moulay Abdellah.
En comparaison, la Commission Européenne a adopté des lignes directrices empêchant le financement par l’UE des colonies israéliennes en Palestine occupée, afin de garantir que l’UE ne contribue pas à l’encrage de la politique d’annexion d’Israël.
L’accord de pêche UE-Maroc 2019 est actuellement examiné par les tribunaux de l'UE. La conclusion devrait être rendue au cours de l'été.
M. Hans Corell, ancien conseiller juridique auprès du conseil de sécurité des Nations Unies, commente les activités de pêche de l'UE au Sahara Occidental.
415 députés ont soutenu le nouvel accord de partenariat dans le domaine de la pêche entre l'UE et le Maroc, qui s'appliquera expressément au Sahara Occidental occupé. Découvrez ici qui ils sont.